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Projet d'Atlas Linguistique de l'Afrique

Présentation

Le nombre des langues africaines était estimé à 2035 (Grimes, éd., 1996) mais ce nombre n'est pas stable car certaines langues très peu parlées s'éteignent et sont éliminées tandis qu'on en découvre de nouvelles trop mal connues auparavant. Si on écarte les langues indo-européennes et malayo-polynésiennes introduites en Afrique durant les deux derniers millénaires dont les principales sont l'arabe, le malgache, l'afrikaans, le portugais, l'anglais, le français, l'espagnol, l'hindi, le bouchpouri, l'ourdou, le chinois, il reste un peu plus de 2000 langues qui se répartissent en quatre phylums: Niger-Congo (1456 langues dont 500 langues bantoues), Afroasiatique (371 langues), Nilo-Saharien (196 langues) et Khoisan '35 langues). Brend Heine et Derek Nurse (2000; page 5) qui rapportent ces chiffres avertissent que le nombre de 2000 langues dépend énormément de la ligne de partage que l'on établit entre langue et dialecte. Il n'est pas toujours évident de savoir avec certitude si on a affaire à une langue ou à un dialecte d'une langue déjà comptabilisée. Aussi, nombre d'auteurs, notamment ceux de l'Encyclopedia Britanica estiment entre 1000 et 1500 le nombre des langues autochtones d'Afrique, tandis que ceux de l'Encyclopédie Questia de l'Université de Columbia (USA) avancent le chiffre de 800 dont seulement 50 auraient plus d'un demi-million de locuteurs! Mathias Brezinger (Université de Cologne, Allemagne) compte, quant à lui, 103 langues de plus d'un million de locuteurs qu'il appelle « major languages ».

En dépit de ces chiffres incertains qui passent aisément du simple au double, d'importants travaux de compilation et de classification ont pu se faire sans discontinuité durant des décennies et qui portent des signatures célèbres comme Delafosse, Westermann, Meinhoff, Greenberg, Guthrie, Dalby. Aujourd'hui encore, David Dalby signe l'un des plus grand registre et système de codification des langues du monde pour le programme Linguasphere qu'il a initié et développé. De son côté, la Société internationale de Linguistique (SIL) a compilé dans The Ethnologue une vaste documentation sur les langues du monde et mis au point un codage à trois lettres qui est désormais unifié avec la norme ISO 639b. L'ensemble de cette riche documentation a donné lieu à de nombreux atlas linguistiques, souvent limités régionalement, mais dont quelques-uns portent sur tout le continent africain. L'un des plus impressionnant de ces atlas est celui réalisé par le Musée de Tervuren (Belgique). Tout n'est pas parfait pour autant, et chacun sait qu'il y a encore un long chemin à parcourir avant d'arriver à une connaissance suffisamment approfondie de l'ensemble des langues parlées sur le continent.

Le projet Atlas linguistique de l'Afrique que l'ACALAN se propose de réaliser est une nouvelle étape sur ce chemin, une étape qui revêt une importance particulière en raison des moyens technologiques sans précédents qui peuvent être mobilisés aujourd'hui.